(Le Potentiel 17/08/2012)
Y
a-t-il encore des raisons de croire en tout ce qui se négocie au sein de la
Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) ? Comment
continuer à faire confiance à la CIRGL lorsqu’en marge des échanges de Goma,
censés baliser la voie à la mise en place de la Force internationale neutre, le
Rwanda et l’Ouganda intensifient, à partir de Rutshuru, leur soutien au M23 pour
donner l’assaut final sur Goma, chef-lieu du Nord-Kivu ? Comme exprimé par le
caucus des députés nationaux du Nord-Kivu, l’option militaire se révèle la seule
alternative pour en finir avec la guerre du Nord-Kivu.
Pendant que les
ministres de la Défense des Etats membres de la Conférence internationale pour
la région des Grands Lacs (CIRGL) se retrouvent depuis quelques jours à Goma,
chef-lieu du Nord-Kivu, pour l’opérationnalisation de la Force internationale
neutre à déployer dans la région, c’est le moment qu’ont choisi le Rwanda et
l’Ouganda pour renforcer, à partir de Rutshuru, les positions des rebelles du
M23.
En effet, pour narguer Kinshasa qui continue à croire en une
issue diplomatique à la crise qui sévit dans sa partie Est, Kigali et Kampala
ont décidé de voguer à contre-courant des conclusions de la dernière conférence
de la CIRGL tenue du 7 au 9 août 2012 à
Kampala.
Présence confirmée à
Rutshuru
A Rutshuru, territoire occupé par les rebelles du M23,
le Rwanda et l’Ouganda multiplient leur soutien au M23. La confirmation est
d’Ernest Kyaviro, porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu.
Contacté par Radio Okapi, ce dernier a dénoncé, sans détours, le
renfort des troupes rwandaises et ougandaises aux côtés des rebelles du M23 au
pied des collines de Mbuzi, Runyonyi et Ntamugenga dans le groupement de Bweza,
en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). «Nous dénonçons la continuation de
l’agression par le Rwanda. Nous informons les Nations unies, l’Union africaine.
Ce pays est en train de s’entêter comme pour narguer la communauté
internationale et de se moquer des Congolais», a déclaré Ernest
Kyaviro.
Selon la source, il a précisé, hier jeudi 16 aout, que
ces militaires étrangers sont dotés de nouveaux matériels et équipements, tels
que des radios de marque Motorola et des voitures 4X4. Selon lui, cet appui est
observé depuis une semaine.
Des sources dans la région, rapporte
Radio Okapi, affirment également que des troupes ougandaises seraient en train
d’entrer en RDC via le poste frontalier de Bunagana qu’occupent les rebelles du
M23 tandis que celles du Rwanda seraient concentrées dans quelques localités du
territoire de Rutshuru.
Des voix se sont alors élevées pour
dénoncer ce que certains qualifient de «menaces graves» contre les efforts
diplomatiques déjà entrepris par les pays de la CIRGL pour résorber la crise qui
déchire l’Est de la RDC.
Kigali et Kampala
parachèvent la mise en place
L’on rappelle qu’à défaut d’un
compromis sur la composition de la Force internationale neutre, les pays de la
CIRGL ont convenu de mettre sur pied un sous-comité des ministres de la Défense
des Etats membres suivants : la République d'Angola, de la République du
Burundi, de la République du Congo, de la République démocratique du Congo, du
Rwanda, de la République d'Ouganda et de la République Unie de Tanzanie. Le
sous-comité avait reçu mandat «d'arrêter des actions urgentes à mener afin que
les combats cessent définitivement dans l’Est de la République démocratique du
Congo, ainsi que d'arriver à la consolidation de la paix, de la sécurité et de
la stabilité».
Dans son cahier des charges, le sous-comité
devrait également «proposer des éléments précis sur l'opérationnalisation de la
force internationale neutre». Il avait, à cet effet, deux semaines, à compter de
la date de clôture de la réunion de Kampala, pour «soumettre un rapport
intérimaire au président en exercice de la CIRGL, et une période de quatre
semaines pour soumettre son rapport final au sommet des chefs d'Etat de la
CIRGL».
C’est dans ce cadre que se sont retrouvés à Goma les
ministres de la Défense des Etats membres de la CIRGL. Sans doute, il était
essentiellement question de dégager les grandes options à soumettre
prochainement aux chefs d’Etat de la CIRGL pour rendre opérationnelle la Force
internationale neutre.
Pendant que les experts de la défense se
concertaient à Goma, Kigali et Kampala ont profité de la trêve pour renforcer
davantage les positions du M23. Tout est mis en place pour lancer l’assaut final
sur le chef-lieu du Nord-Kivu, à l’occurrence la ville de Goma. Autant se poser
des questions sur la raison d’être de la rencontre de Goma. N’est-ce pas un
stratagème supplémentaire pour distraire Kinshasa afin de laisser le champ libre
aux troupes du M23 ?
Une fois de plus, le Rwanda et l’Ouganda
viennent de prouver leur culpabilité en lien à tout ce qui se passe dans la
partie Est de la RDC. De tout temps, ces deux pays n’ont jamais été favorables à
un retour rapide de la paix dans la partie Est de la RDC. Car, avec l’Est de la
RDC pacifié, c’est les régimes de Kigali et de Kampala qui se retrouveront en
difficulté. Autant entretenir le chaos dans l’Est de la RDC pour garantir la
survie de ces deux régimes non démocratiques.
C’est la stratégie
que mettent en œuvre depuis des années Kigali et Kampala avec des complices en
RDC, disposés à jouer ce jeu malsain. Même si cela se fait au détriment des
intérêts de la RDC ! Sinon, comment adhérer à un schéma qui s’avère, à tout
point de vue, totalement défavorable aux intérêts de Kinshasa
?
Tout compte fait, la rencontre des ministres de la Défense de
la CIRGL n’a d’objectif que de berner Kinshasa, pendant que les rebelles du M23
occuperont du terrain. Tout est fait pour se présenter en position de force lors
des négociations.
Si à Kinshasa, on continue à exclure l’idée
d’une quelconque négociation avec le M23, à Kigali ou à Kampala, base arrière de
ce mouvement, l’on pense que les négociations restent inéluctables. Autant
renforcer les positions du M23 en prenant Kinshasa de court.
C’est le modus operandi qu’ont choisi de mettre en place Kigali
et Kampala pour faire plier Kinshasa.
Guerre
d’usure
Le Rwanda et l’Ouganda sont inscrits dans un schéma. Tout
est mis en place pour amener Kinshasa à abdiquer. C’est, entre autres, ce qui
aurait justifié l’échec de dernières négociations de Kampala.
C’est vrai que Kinshasa reste sceptique à d’éventuelles
négociations directes avec le M23. Ce qui n’est du gout de Kigali, appuyé
subtilement par Kampala. C’est le décor d’une guerre d’usure.
En
effet, tout est fait pour faire plier Kinshasa. La sincérité de ces deux
capitales est mise en doute dans leurs rapports avec la RDC. Leurs engagements
sur la table des négociations ne doivent être pris pour des espèces sonnantes et
trébuchantes. Malheureusement, certains à Kinshasa s’obstinent encore à croire
en la bonne foi de ces deux Etats voisins, membres de la
CIRGL.
L’option militaire
Comme
l’a si bien rappelé le caucus des députés du Nord-Kivu, seule une offensive
militaire de grande envergure pourra rétablir la paix dans l’Est de la RDC. Une
solution autre que militaire ne fera que raffermir l’emprise du Rwanda et de
l’Ouganda, ouvertement engagés aux cotés du M23. Les prétentions des voisins sur
le territoire congolais peuvent se justifier en géostratégie. Elles peuvent même
constituer une politique de voisinage. Dans ces conditions, il ne reste plus que
de se prémunir des moyens appropriés pour contrer les velléités des voisins
bellicistes et prédateurs au service des puissances
extra-africaines.
Mise en pareille position, une seule option
s’offre à la RDC : celle de se défendre et de les mettre hors de portée des
richesses et des frontières nationales. Les discussions diplomatiques ne devront
pas constituer une démission ou une distraction sur l’essentiel : la défense de
l’intégrité du pays par une armée.
Publié le vendredi 17 août 2012 07:36
Écrit par Le Potentiel
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