(Le Pays 30/07/2012)
Les pays occidentaux sont-ils en train de changer leur regard sur le Rwanda ? Après les Etats-Unis, ce sont en effet les Pays-Bas et l’Allemagne qui ont monté le ton contre le pays de Paul Kagamé. Mais la nouveauté, c’est que ces coups de colère sont assortis de sanctions diverses, militaires pour les Etats-Unis, économiques pour les Pays-Bas et l’Allemagne.
C’est du jamais vu. En dépit de son jeu trouble en RD Congo depuis de nombreuses années, Kigali n’a jamais fait l’objet de récriminations aussi ouvertes. Seuls les Nations unies, les associations de défense des droits humains et quelquefois le Congo, comme s’ils prêchaient dans le désert, dénonçaient le rôle du Rwanda dans l’instabilité qui prévaut à la frontière rwando-congolaise. Apparemment, cette fois-ci, les Nations unies ont été entendues. Leur rapport sur la collusion du Rwanda avec la rébellion du M23 est pris au sérieux par les puissances occidentales. Ce changement d’attitude est-il le point de départ d’une politique plus ferme vis-à-vis de Paul Kagamé ? On attend de voir. En tout cas, si les différentes sanctions ne constituent pas une menace à court terme pour le pays, il n’en demeure pas moins qu’elles portent un coup sérieux aux relations entre Kigali et les Occidentaux. L’isolement du Rwanda n’a jamais été aussi grand.
De la complaisance avec ce pays, la communauté internationale est en train de passer à la vigilance. Mais, on voit que la levée de boucliers occidentale ne démonte pas Kigali. Comme toujours lorsqu’il est l’objet d’accusations, le régime rwandais reste droit dans ses bottes, en produisant systématiquement un contre-rapport pour se blanchir. Ce n’est pas l’attitude d’un pays qui reconnaît ses erreurs et fait amende honorable. Le Rwanda n’a jamais tort, il est l’objet d’une campagne de dénigrement. Telle est la réponse systématique de Paul Kagamé. Et comme il avait le soutien tacite des Occidentaux, les accusations avaient l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Cette fois-ci, la donne a changé.
Même les indéfectibles alliés du Rwanda refusent désormais de le suivre dans son aventurisme. Comme revigoré par les accusations qui fusent contre son voisin, le président congolais, Joseph Kabila, est sorti de son silence. Pour lui, la présence rwandaise aux côtés du M23 est un secret de Polichinelle. Un discours qu’il s’était gardé de tenir jusque-là, croyant sans doute à la bonne foi de Paul Kagamé, qui avait donné son accord pour le déploiement d’une force neutre à la frontière entre les deux pays. Avec l’évolution de la situation, on doute désormais de la faisabilité de ce projet. Le risque est grand que le Rwanda s’emmure davantage. Or, tant que ce pays ne reconnaîtra pas sa part de responsabilité dans la rébellion à l’est de la RDC, la paix sera un mirage. Et Kabila devra se faire du souci.
Mahorou KANAZOE
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