(L'Observateur Paalga 28/06/2012)
Le renouvellement du mandat de la MONUSCO, la Mission des nations unies en République démocratique du Congo (RDC), était, hier mercredi 27 juin 2012, au menu de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. A cause du décalage horaire, nous n’avions pas encore les conclusions de cette importante rencontre au moment où nous tracions ces lignes. Cependant, tout plaidait véritablement pour le maintien de la mission onusienne dans ce pays-continent qui peine à retrouver sa stabilité depuis le crépuscule du règne du «Roi» Mobutu.
Sans doute qu’à l’heure où vous nous lisez, le mandat de la MONUSCO a été renouvelé ; ce qui ne devrait être en fait qu’une évidence et une simple logique : en effet, l’ONU ne peut pas quitter la RDC au moment même où le pays, tout doucement, est en train de basculer dans la guerre, notamment à l’Est avec les provinces des deux Kivu en proie à une rébellion née d’une dissidence au sein de l’armée nationale.
Alors, si le doute n’était pas permis quant au maintien de la MONUSCO, c’était par contre l’expectative concernant le mandat de cette Mission, la plus importante des nations unies dans le monde avec quelque 20 000 casques bleus ; en effet, le débat est vif au Congo sur la présence et le rôle des soldats de l’ONU : il y a ceux qui sont pour le départ de cette force parce qu’inutile ; ceux qui sont pour son maintien mais qui exigent une reformulation de son mandat afin d'en faire une force combattante pour assurer la sécurité des civils ; ceux qui, enfin, souhaitent que la MONUSCO prenne une dimension politique en assurant la crédibilité des consultations électorales.
Comme on le voit, les désirs sont nombreux et pas toujours convergents. Difficile dans ces conditions de trouver une formule de la MONUSCO qui satisfasse les uns et les autres. Forcément de part et d’autre, ça va râler, quel que soit ce qu’aura décidé le Conseil de sécurité de l’ONU.
Si beaucoup éprouvent un terrible ressentiment contre les casques bleus, c’est tout simplement parce que cette force n’est pas du tout dissuasive, car malgré sa présence, c’est à son nez et à sa barbe que les mouvements rebelles prospèrent au Congo. Et voilà la MONUSCO qu’on accuse de tous les péchés du Congo.
Mais qui aurait pu croire que le grand Zaïre de Mobutu serait un jour à genoux, incapable d’assurer sa propre sécurité au point de pratiquement s’en remettre à l’ONU ? Très peu de monde. Incroyable mais vrai, la RDC, l’ancienne toute-puissante Zaïre, n’est plus aujourd’hui qu’un géant mollusque dont la voix, politiquement et militairement, compte pour du beurre dans cette partie de l’Afrique où, jadis, elle faisait la loi, la pluie et le beau temps.
Le cas le plus emblématique de cette situation de faiblesse de la RDC est sans conteste les difficultés qu’elle a avec le Rwanda de Paul Kagamé, qui lui donne du fil à retordre sans qu’elle puisse véritablement taper du poing sur la table. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle biblique de David et Goliath : le Rwanda, ce petit territoire de 26 338 km2 pour moins de 12 millions d’habitants, est un Etat bien organisé et militairement puissant ; par contre, la RDC, avec ses 2 345 000 km2 pour près de 75 millions d’habitants, a tout d’un vrai foutoir doublé d’un véritable scandale géologique avec des ressources minières à ciel ouvert. De plus, ce pays-continent est victime de son gigantisme, de la forme de son Etat, de la désorganisation de son armée et de la boulimie de ses dirigeants pour le pouvoir et les richesses.
Et voilà la RDC accusant le Rwanda d’être le soutien et la base-arrière des rebelles du M23. Kigali s’en défend et a même dépêché sa ministre des Affaires étrangères à l’ONU pour montrer patte blanche, même si c’est de notoriété publique que plusieurs responsables rebelles sont fréquents au Rwanda.
Mis à part l’agitation diplomatique, qu’est-ce que Kinshasa peut bien faire contre Kigali ? Pratiquement rien… Triste sort que celui du Congo. Patrice Lumumba va se retourner dans sa tombe, lui qui rêvait d’un grand Congo dans une grande Afrique !
San Evariste Barro
© Copyright L'Observateur Paalga
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire