(Le Point 05/05/2012)
Les combats ont fait entre le 27 avril et mercredi dernier
près de 20.000 déplacés, dont 16.000 ont fui vers Goma et sa périphérie, alors
que plus de 3.500 personnes ont traversé la frontière avec le Rwanda voisin,
selon une évaluation provisoire du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) de
l'ONU.
L'armée congolaise a repris vendredi le contrôle de la localité de
Mushaki, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où était
jusqu'à présent basé le général Bosco Ntaganda, en fuite vers un bastion de son
ancienne rébellion.
Interrogés par l'AFP pour savoir si les Forces armées
gouvernementales (FARDC) avaient bien repris le contrôle de Mushaki, dans la
province instable du Nord-Kivu (est), deux commandants des FARDC ont répondu
"affirmatif", sans donner plus de précision.
La ferme du général Bosco
Ntaganda, ex-chef d'état-major de l'ancienne rébellion du Congrès national pour
la défense du peuple (CNDP), et que les FARDC veulent aujourd'hui arrêter, est
située près de Mushaki, dans le territoire de Masisi.
Ntaganda est "en
train de quitter sa ferme. Il veut passer par le parc des Virunga pour rejoindre
Runyonyi, dans le (territoire voisin de) Rutshuru", frontalier du Rwanda et de
l'Ouganda, et traditionnel bastion du CNDP, ont indiqué à l'AFP des militaires
mutins.
Mardi, le général Ntaganda disait encore se trouver dans sa
"ferme près de Mushaki", où des heurts ont commencé dimanche entre les FARDC et
des mutins ex-CNDP ayant déserté début avril.
"Il veut rejoindre le
colonel Makenga", qui était son adjoint dans la rébellion, ont ajouté les mêmes
sources.
Le colonel Makenga et le lieutenant-colonel Masozera, deux
anciens chefs militaires du CNDP, ont fait défection dans la nuit de jeudi avec
leurs hommes dans la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, selon un commandant
des FARDC.
"Nous avons récupéré 80 tenues avec bottines dans le cimetière
du quartier Bujovu", a indiqué cette source, qui a requis
l'anonymat.
Ancien adjoint de Ntaganda au sein du CNDP, le colonel
Makenga était le numéro deux des opérations militaires Amani Léo ("Paix
aujourd'hui", en swahili) dans la province voisine du Sud-Kivu (est), opérations
qui ont été suspendues par le président Joseph Kabila peu après les premières
défections d'ex-CNDP début avril.
La défection du colonel Makenga est une
"situation grave" qui rendra l'offensive des loyalistes plus "compliquée" car il
a joué un grand rôle dans l'intégration des ex-CNDP dans l'armée, et son départ
pourrait faire tâche d'huile, a jugé un officier supérieur des forces
gouvernementales.
Le lieutenant-colonel Masozera est quant à lui l'actuel
aide de camp du général Ntaganda.
Connu aussi sous le surnom de
"Terminator", Bosco Ntaganda est visé depuis 2006 par un mandat d'arrêt de la
Cour pénale internationale (CPI) pour enrôlement d'enfants quand il était dans
une milice au début des années 2000. Il avait été réintégré en 2009 au sein des
FARDC, avec les principaux chefs et unités combattantes du CNDP, à la faveur
d'accords de paix avec Kinshasa.
Le gouvernement avait jusqu'à présent
toujours refusé de l'arrêter, arguant que la paix primait sur la justice.
Kinshasa dit vouloir désormais le juger, l'estimant "responsable" des
affrontements actuels entre soldats loyalistes et mutins ex-CNDP
Dans un
entretien téléphonique mardi avec l'AFP, le général Ntaganda avait dit n'être
"pas impliqué" dans les défections d'ex-CNDP depuis début avril.
Mais
mercredi, Kinshasa a fait savoir que "tout ce qui se passe actuellement dans le
Masisi" était de sa "responsabilité", et qu'en cas d'arrestation il serait jugé
par des "juridictions congolaises".
Les combats ont fait entre le 27
avril et mercredi dernier près de 20.000 déplacés, dont 16.000 ont fui vers Goma
et sa périphérie, alors que plus de 3.500 personnes ont traversé la frontière
avec le Rwanda voisin, selon une évaluation provisoire du Haut-commissariat aux
réfugiés (HCR) de l'ONU.
"Nous avons entendu des tirs à Mugunga dans la
soirée (de vendredi), les gens sont partis sur l'artère principale mais ne
savent pas où aller", a déclaré à l'AFP un acteur humanitaire de cette localité
proche de Goma, où les autorités ont choisi un site pour accueillir les nombreux
déplacés. Cette source n'a pas pu déterminer la provenance des tirs.
Le
Conseil de sécurité de l'ONU avait demandé jeudi "l'arrêt immédiat de la
rébellion", souligné l'importance de "désarmer et de démanteler tous les groupes
armés opérant dans l'est de la RDC et demandé à cet égard la coopération" des
pays voisins.
Dans plusieurs villes du Nord-Kivu, dont Goma, des
associations de la société civile ont organisé vendredi des manifestations pour
dénoncer les violences et soutenir les opérations militaires des FARDC contre
les mutins.
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