En cause, deux initiatives. D’abord, un séminaire organisé en 2010 et centré sur les frontières de la RDC en 2020. Ensuite, prévu initialement pour le 12 avril 2012, un séminaire pluriannuel sur la coopération au développement avec l’Afrique reporté à une date ultérieure. Fait curieux, étaient invités à cette dernière rencontre : le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et l’Est de la RDC (sic). Qu’est-ce à dire ? Les Pays-Bas, initiateur de ces rencontres, se sont dévoilés comme faisant partie des artisans de la balkanisation de la RDC.
La paix en RDC est toujours précaire et fugace. Cette situation, on en est persuadé aujourd’hui, est entretenue par tous ceux qui, au pays comme à l’étranger, ne veulent pas d’un Congo uni en tant que Nation et Etat. Pis encore, les ténors de la partition de l’ex-Congo Belge rivalisent d’arguments pour remettre en cause l’existence de la RDC dans ses limites actuelles héritées du partage colonial en 1885.
Tenaces, ces derniers agissent tantôt comme des caméléons en changeant de couleur, tantôt comme des hydres en changeant de tête. Perspicaces, ils jouent à la fois aux pyromanes et aux sapeurs-pompiers. Raison pour laquelle, aux conflits armés succèdent des soi-disant initiatives de paix soutenues par des conférences, des colloques, des séminaires tant au niveau national qu’international.
A ce sujet, il sied de noter la rentrée dans la danse des Pays-Bas. Resté dans l’ombre, ce pays européen s’est dévoilé en abritant en 2010, la tenue d’un séminaire centré sur les frontières de la RDC en 2020. Cette projection de la Hollande et compagnie ne pourrait pas passer pour être innocente. Pourquoi s’intéresser à ce sujet si l’on ne s’est pas déjà fait soi-même une certaine idée ?
Comme si cela ne suffisait pas, le 12 avril 2012, un autre séminaire prévu sur le sol hollandais a avorté pour des raisons non encore élucidées. Cette rencontre initiée par le gouvernement hollandais par le biais du ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec la fondation Netherlands-African Business Council (NABC), reposait sur un plan pluriannuel de coopération des Pays-Bas avec l’Afrique. Au fond, elle avait pour but de donner des informations utiles aux entreprises intéressées sur la situation du Ghana, de l’Éthiopie et de la région des Grands Lacs.
La question qui revient sur les lèvres tout de suite est celle de savoir comment la Hollande peut inviter l’Est de la RDC sans l’accord de Kinshasa. Serait-ce une façon d’annoncer les couleurs sur cette projection sur les prochaines frontières de la RDC en se disant qu’elle voyait déjà l’Est de la RDC comme partie à part entière de la région des Grands Lacs ?
Dans le même ordre d’idées, il nous revient que les invités de l’Est de la RDC seraient une élite triée sur le volet, essentiellement dans le business. Quoique l’on dise, c’est bien là une étrange coopération. Un Etat qui coopère avec une partie ciblée de la population congolaise, ça fait jaser, ça fait problème. Bien plus, la démarche des Pays–Bas se rapproche de celle d’Herman Cohen qui a toujours soutenu l’appartenance du Kivu au Rwanda.
Les suspicions sur la démarche des Pays-Bas sont soutenues par cet argumentaire qui tranche sur le respect des principes universellement admis. En 2006, indiquent des sources fiables, la Hollande avait projeté d’ouvrir un consulat dans l’Est. Le projet tient debout. Ceci expliquant cela, les Pays-Bas ne pourraient pas se disculper aussi facilement. Dans la mesure où la Hollande fait partie des financiers de la Conférence pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs (CPSGRL), une initiative internationale convoquée dans le but de consolider la paix dans cette région. Dans son ouvrage intitulé : «Du pacte de stabilité de Nairobi à l’acte d’engagement de Goma. Enjeux et défis du processus de paix en RDC» (publié en décembre 2008 aux éditions Cepas/Rodhecic), le père Robert Minani Bihuzo renseigne : «Parmi les promoteurs de l’initiative, l’on cite les Nations unies et l’Union africaine soutenues par le groupe dit «Amis de la région des Grands Lacs». Ce groupe de pays de cette région est présidé par deux pays : le Canada et les Pays-Bas».
Robert Minani ajoute également : «Les acteurs internationaux qui poussaient l’agenda de la révision des frontières héritées de la colonisation espéraient que le départ de Mobutu allait consacrer l’implosion et la désintégration de la RDC en 4 zones linguistiques. Ceci rendrait possible une influence anglophone de la partie Est de la RDC désormais sous contrôle de l’Ouganda et du Rwanda.
En outre, les négociations économiques seraient rendues faciles à des unités territoriales plus réduites (Ituri, Kivu, Katanga,etc.)».
A la lumière de ces révélations, il apparaît que le malheur des balkanisateurs du Congo-Kinshasa est que leur jeu, quoique subtil, ne peut plus passer inaperçu. Ils butent à un nationalisme dur comme fer de la part des populations qui, malgré toutes les exactions subies, ont montré à la face du monde qu’elles savent rester un seul peuple sur un territoire appelé RD Congo.
Ce sentiment d’appartenance à une seule nation s’est révélé avec le temps très solide pouvant justifier, si besoin en est encore, l’échec de toutes les tentatives amorcées à plusieurs reprises et sous diverses formes pour diviser le peuple congolais et faire éclater son pays en petits Etats sous la mainmise de certaines puissances politiques et économiques.
Celles-ci ont formé une coalition qu’elles mettent en branle chaque fois qu’elles trouvent l’occasion favorable à l’atteinte de leur objectif, à savoir, faire main basse sur les richesses naturelles et autres de la RDC. Cette coalition est formée, entre autres, par des multinationales qui entretiennent des groupes armés, créent des seigneurs à qui elles inculquent une idéologie séparatiste fondée sur de faux prétextes relatifs à la question identitaire et aux conflits fonciers.
C’est dans ce sens que beaucoup d’acteurs internationaux ne cessent de tenter de montrer aux populations vivant dans l’Est qu’elles seraient plus proches de celles des pays voisins que de celles de l’Ouest.
Leurs offensives ou irruptions sont sous-tendues par une complicité interne à tous les niveaux de la société congolaise. Heureusement que ces élites ne constituent qu’une minorité ne pouvant casser les bases solides jetées à travers des siècles de cohabitation.
Tous les observateurs avisés sont d’avis que l’agenda de différents conflits armés en RDC est avant tout économique pour tous les pays qui y sont impliqués, dont les Pays-Bas, qui tentent de séduire, comme le font ses voisins européens, les élites congolaises, particulièrement, celles de l’Est de la RDC. Un simple regret : le silence de Kinshasa, de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues.
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